Voici un texte que certains ont pu lire sur mes précédents blogs. Il s’agit d’un récit que j’ai écrit il y a déjà quelques années, et qui raconte l’un des évènements marquants de l’enfance d’Alrik, un personnage que j’ai inventé. C’est d’ailleurs de là que vient mon pseudo! Notez que je n’ai pas modifié le texte, il apparait ci-dessous tel que je l’avais écrit à l’origine. Bonne lecture!
Enfant, Alrik vivait avec ses parents et ses quelques frères et sÅ“urs dans un petit village de paysan. Ils n’étaient que de simples serfs, mais leur Seigneur était relativement bon et n’oppressait pas plus que de raison ses gens, si bien qu’Alrik et sa famille vivaient à peu près décemment.
Comme tous les enfants du village, Alrik adorait jouer au Chevalier, brandissant fièrement un bâton en guise d’épée et se protégeant derrière un couvercle de marmite. Il pouvait passer des heures à jouer ainsi, courant après ses camarades le bâton tournoyant, avant de se faire charger à son tour. Mais en grandissant, le travail ne lui laissait plus assez de temps libre pour s’adonner au jeu. Il se révéla malgré tout être fort débrouillard et, à l’âge de douze ans, il se construisit un arc d’une précision incroyable pour avoir été fait par un si jeune homme! Alrik l’avait toujours sur lui, et quelquefois, il partait braconner quelque gibier pour le bonheur de sa famille.
Mais cette vie monotone de paysan n’allait pas durer et un tout autre destin attendait le jeune Alrik. Une guerre éclata et tous les Seigneurs du Royaume dans lequel il vivait furent anéantis. Privés de tout commandement, les domaines s’effondrèrent et tout le pays sombra dans un indescriptible chaos.
Suite à ce sinistre épisode, le village était souvent la proie des nombreuses bandes de brigands qui écumaient la contrée. Ces soudards ne cherchaient pas d’argent, les paysans n’en ayant pas, mais ils se contentaient de détruire et d’incendier tout ce qu’ils pouvaient, de violer les femmes et d’enlever les enfants. Rapidement, les villageois s’organisèrent et placèrent des guetteurs afin de prévenir les éventuelles attaques. Dès lors, ils pouvaient aller se cacher dans les bois proches dès qu’une attaque était annoncée, si bien que les brigands se faisaient de mois en moins présents.
Ceopendant, une bande un peu plus organisée réussit un jour à s’approcher du village sans éveiller la méfiance des gardes, et leur raid commença subitement, dans la surprise la plus totale. Les hors-la-loi déferlèrent dans le village, pillant tout. sur leur passage. Alrik et ses parents s’enfermèrent dans leur masure, tremblant de peur. Hélas, un des brigands défonça la porte d’un grand coup de son énorme hache et pénétra dans leur taudis. Alrik se blottit contre sa mère horrifiée, adossée au mur, tandis que son père, muni d’une fourche, s’interposa entre le colosse et eux. Dans un héroïsme désespéré, il engagea un combat perdu d’avance.
Alrik ne vit pas le coup porté, mais il entendit le sang couler et vit avec horreur la tête de son père rouler à ses pieds, sous les éclats de rire sadiques du tueur et les hurlements de terreur et de désespoir de sa mère. Le bandit s’approcha d’eux, et dévisagea sa mère d’un regard envieur. Puis il regarda Alrik, et le jeune homme soutint son regard. Le brigand lui adressa une formidable gifle qui l’envoya rouler, à moitié assommé, à quelques mètres de là . De ses yeux entrouvert, Alrik vit le monstre poser les mains sur le corps tremblotant de sa mère, arracher violemment ses vêtements et regarder sa nudité d’un regard de chien affamé. L’homme se pencha alors sur elle, abusant de son corps si pur, malgré ses cris d’horreur et de dégoût. Alrik voulut réagir, mais il ne le pouvait, il était encore étourdi, et n’avait aucune arme.
Il remarqua soudain qu’il n’y avait plus aucun bruit à l’extérieur, et il aperçut un homme sur le seuil de sa masure. C’était un grand homme, qui portait une armure, un bouclier et une épée ruisselante de sang. Il suait et respirait rapidement. Il venait probablement de combattre. Un craquement de l’armure attira l’attention du brigand. Celui-ci relâcha son étreinte et la mère d’Alrik tomba sur le sol, dans un état proche de l’inconscience. Le brigand se releva maladroitement, ses chausses sur les chevilles, et tenta d’atteindre sa hache. Rapide comme l’éclair, l’homme d’arme lui trancha le bras. La brigand poussa un hurlement de douleur alors que le chevalier l’achevait en lui enfonçant profondément la pointe de son épée dans le crâne. Tandis qu’il la retirait dans une gerbe de sang, Alrik s’approcha de sa mère et la réveilla. Lorsqu’elle ouvrit les yeux, elle aperçut d’abord le chevalier, puis posa sur son fils un regard plein d’espoir.
Alors elle s’adressa à son sauveur, d’une voix encore tremblante et faible.
– Messire, vous m’avez sauvez la vie, et surtout celle de mon fils! je vous en suis infiniment reconnaissante. Demandez-moi ce que vous désirez, je vous l’offre de tout coeur!
Le chevalier dévisagea alors le jeune homme, et Alrik lui rendit son regard.
– Donnez-moi votre fils, dit-il simplement, d’une voix parfaitement calme.
Cette phrase porta un grand coup à la mère d’Alrik. Elle fondit en larme et s’agrippa à son fils. Perdant toute retenue, elle se mit à gémir:
– Non, pas Alrik, pas mon fils! Prenez tout ce que vous voulez, mais laissez moi mon fils!
Le chevalier tendit la main au jeune paysan. Alrik regarda cette main, puis le visage de l’homme d’arme. Un visage travaillé par le voyage et les combats, un visage implacable et dur, mais un visage beau et attirant.
Alors Alrik se libéra délicatement de l’étreinte de sa mère et mis sa main dans celle de l’homme. Le guerrier l’aida à se lever, puis, s’agenouillant devant la femme, il releva son visage ruisselant de larmes et lui murmura quelque chose qu’Alrik n’entendit pas, avant d’essuyer ses larmes de ses doigts et de se relever à son tour.
L’homme d’arme posa une main protectrice et paternelle sur l’épaule d’Alrik et ils sortirent ensemble dans les ruines fumantes du village. Tous les brigands étaient morts. Les villageois rescapés se remettaient doucement de l’attaque. Alrik se retourna une dernière fois, et il vit sa mère s’effondrer sur le seuil de sa porte, un couteau ensanglanté à la main.
C’est ainsi qu’Alrik tourna le dos à sa vie de simple paysan, pour suivre une nouvelle voie pleine d’aventure et de danger, dans un monde peuplé de créatures dont il ne soupçonnait même pas l’existence. Le voici entraîné vers un incroyable destin, accompagnant un chevalier dont il ne sait rien…