Archive pour la catĂ©gorie ‘SociĂ©tĂ© et actus’

Devoir de socialisationVendredi 22 octobre 2010

Nous sommes tous soumis Ă  une constitution qui nous permet de jouir de certains droits et nous impose certains devoirs, c’est un fait incontestable. Cependant, j’ai l’impression que, dans notre sociĂ©tĂ© moderne, nous sommes Ă©galement contraints Ă  des devoirs inĂ©dits et implicites qu’on peut nous reprocher de ne pas honorer, sans qu’ils soient inscrits dans aucun document officiel. Et parmi ces devoirs fantĂ´mes, le plus important semble ĂŞtre le devoir … de socialisation!

Social

Cela fait dĂ©jĂ  plusieurs annĂ©es que j’observe Ă  chaque rentrĂ©e un phĂ©nomène des plus intĂ©ressant. Dès le premier jour de cours, et parfois mĂŞme avant, j’ai l’impression d’ĂŞtre plongĂ© dans un vaste club de rencontres oĂą chacun cherche Ă  trouver au plus vite des personnes avec qui tisser des liens, comme si leur existence ou leur image (ce qui a tendance Ă  revenir au mĂŞme dans notre sociĂ©tĂ© gouvernĂ©e par l’apparence) en dĂ©pendait! On dirait qu’il leur faut impĂ©rativement trouver quelqu’un avec qui manger le jour-mĂŞme, sous peine de passer pour un alien dĂ©cĂ©rĂ©brĂ© et sociopathe. Ce qui m’arrive chaque annĂ©e, bien entendu.

Notez que je n’ai rien contre le fait de tisser des liens avec ses collègues, qui est une attitude parfaitement normale, logique et indispensable. Je m’Ă©tonne simplement de l’ardeur avec laquelle les personnes cherchent Ă  se bâtir un groupe d’amis. C’est comme si leur valeur en tant qu’humain Ă©tait calculĂ©e en proportion du nombre de personnes qu’ils sont capables de rallier en un temps limitĂ©, comme s’il leur fallait atteindre un certain score social pour mĂ©riter sa place au sein de l’Ă©cole/entreprise.

Pourtant, je ne suis pas certain qu’un tel Ă©lan d’ouverture et de socialisation soit si bĂ©nĂ©fique sur le long-terme. Si on cherche Ă  ĂŞtre ami avec tout le monde dès le premier jour, on ne pourra rencontrer par la suite que des dĂ©ceptions. Et si on montre tout ce qu’on a d’intĂ©ressant dès le dĂ©but, on perd tout espoir de surprendre et d’intriguer. En somme, en se montrant trop, on se condamne soit-mĂŞme Ă  la banalitĂ© et Ă  la transparence. On ne pourra que dĂ©cevoir ou, au mieux, lasser.

Pour ma part, je suis persuadĂ© que ne pas chercher Ă  s’intĂ©grer rapidement Ă  un groupe consĂ©quent est loin d’ĂŞtre une tare. Bien au contraire, en laissant au temps le soin de faire les choses comme il se doit, on ne peut que tisser des relations sincères et permettre Ă  nos qualitĂ©s de se faire remarquer progressivement, ce qui les rend d’autant plus prĂ©cieuses et marquantes aux yeux des autres.

Finalement, j’en arrive Ă  une conclusion qui coĂŻncide tout Ă  fait avec ma vision du social d’aujourd’hui. A force de vouloir se mettre en avant en misant sur le tout-social, les hommes modernes se condamnent Ă  se noyer dans la masse et n’ĂŞtre plus considĂ©rĂ©s en tant qu’individus mais comme membres anonymes d’un groupe qu’on ne remarque que dans son ensemble. En bref, tout n’est que superficialitĂ© destinĂ©e Ă  flatter de manière totalement illusoire un ego auquel on tient plus qu’Ă  soi-mĂŞme.

Cependant, ce vaste sujet mĂ©riterait qu’on s’y penche des annĂ©es entières et qu’on rĂ©dige Ă  son propos une encyclopĂ©die documentĂ©e d’une bonne douzaine de volumes! Cet article n’est donc qu’un rĂ©sumĂ© succinct de ma vision des choses, qui ne prĂ©sente ma philosophie que dans ses grandes lignes. Toutefois, et comme pour chaque article, n’hĂ©sitez pas Ă  partager vos rĂ©flexions en y allant de vos petits commentaires. En plus… ça flatte mon ego!

On est tous « ego »Dimanche 6 juin 2010

Voici un premier article consacrĂ© aux rĂ©seaux sociaux en gĂ©nĂ©ral et Ă  Facebook en particulier. Ce billet n’est qu’une brève introduction de mon ressenti vis-Ă -vis de ce genre de sites, je dĂ©taillerai probablement tout ça dans de futurs articles. Notez Ă©galement qu’il y a plusieurs manières d’apprĂ©hender Facebook, et que cet article n’englobe pas toutes ces visions.

Cela fait quelques annĂ©es que les initiĂ©s aux mĂ©dias numĂ©riques fantasment sur le Web 2.0, cette superbe technologie qui n’en est pas une, mais qui permet Ă  n’importe qui de crĂ©er son propre contenu et de le partager (hĂ©las) avec le monde entier. Les sites communautaires, plate-formes de blogs et autres rĂ©seaux sociaux ont donc fleuri et gagnĂ© en puissance ces derniers temps, regroupant sans cesse d’avantage d’adeptes – et d’argent – autour d’une valeur fondamentale de l’homme moderne: l’individualisme! (ou l’Ă©gocentrisme?)

Moi, je…

Auparavant, le web Ă©tait un mĂ©dia fait par quelques initiĂ©s pour une masse d’internautes. Ensuite ont dĂ©barquĂ©es les premières fonctions communautaires et le web a peu Ă  peu Ă©tĂ© fait par les internautes pour les internautes. Puis Facebook est apparu et a tout chamboulĂ©. Dès lors, le web a Ă©tĂ© fait par les internautes, pour eux-mĂŞmes, via les autres internautes! Vous suivez? Non? Ne vous en faĂ®tes pas, ça va venir.

Do you have Facebook?

Le partage a toujours Ă©tĂ© un Ă©lĂ©ment essentiel du web communautaire, c’est un fait indĂ©niable. Parfois, cet aspect est couplĂ© Ă  un brin de prĂ©tention, comme c’est souvent le cas pour les blogs (et celui-ci ne fait pas exception). Mais malgrĂ© ça, le partage d’idĂ©es, d’expĂ©riences ou autres crĂ©ations personnelles prĂ©domine gĂ©nĂ©ralement sur l’aspect Ă©gocentrique de la publication et c’est quelque chose qui me semble alors utile et louable.

Cependant, avec Facebook, on n’est maintenant bien loin de ce dĂ©sir altruiste de partage et d’extraversion. Tout est centrĂ© sur notre petite personne… ou plutĂ´t sur le personnage virtuel que l’on prend plaisir Ă  entretenir et Ă  faire agir sous notre nom! Chaque publication sur Facebook n’a pas tant vocation Ă  informer qu’Ă  susciter des commentaires qui viendront augmenter les statistiques de l’utilisateur. Ah,  les statistiques, les chiffres et les classements, le nerf de la guerre du web communautaire!

L’homme qui valait six millions (d’amis)

Car oui, s’il y a bien une chose qui entraĂ®ne l’homme dans tous les excès et le pousse Ă  l’hypocrisie, c’est bien l’appât du gain. Il faut faire du chiffre. Et sur Facebook, les seuls chiffres qu’on ait, ce sont les nombres d’amis ou de fans. Dès lors, le mot ami prend une signification toute particulière et se voit changĂ© en unitĂ© de mesure. La popularitĂ©, et donc l’intĂ©rĂŞt d’une personne se compte donc en amis ou en fans, et chacun fait tout son possible pour augmenter ces statistiques et battre son voisin, par tous les moyens (et de prĂ©fĂ©rence les plus idiots).

D’ailleurs, je ne vous apprendrais pas que les groupes du genre Deviens fan pour voir la photo de [insĂ©rer ici le nom d'une star] Ă  10 ans! et autres Incroyable! Cette illusion d’optique existe depuis 1890 et tout le monde la connait mais vous ne pourrez la voir que si vous devenez fan! ne cessent de se multiplier et d’attirer toujours plus de fan. Moi, en voyant ça, je ne peux m’empĂŞcher de m’imaginer les crĂ©ateurs de ces groupes en train d’exulter devant leur PC lorsqu’ils rĂ©ussissent Ă  avoir plus de fans que les groupes de leurs amis. En fait, Facebook, c’est un peu un jeu de berger. C’est Ă  celui qui arrivera Ă  former le plus gros troupeau de moutons!

Instinct grégaire

toi_aussi

Si toi aussi tu découvres que d'autres gens font comme toi.

Ce qu’il y a de marrant sur Facebook, c’est que chacun essaie d’y publier les Ă©vènements les plus marquants de son existence en espĂ©rant se dĂ©marquer ainsi de la masse et faire ressortir son cĂ´tĂ© rebelle. Mais Ă  cĂ´tĂ© de ça, la mĂŞme personne s’inscrit Ă  une centaine de groupes du genre si toi aussi tu… ce qui ne fait que le rabaisser au rang d’un individu parmi des milliers d’autres et lui Ă´ter toute unicitĂ©. DrĂ´le de paradoxe, en vĂ©ritĂ©.

D’autre part, il est amusant de constater Ă  quel point n’importe quelle ineptie peut soudainement devenir un aspect majeur de notre existence. Grâce Ă  la magie de Facebook, on dĂ©couvre en effet qu’on n’est pas les seuls Ă  dĂ©tester les gens mĂ©chants et Ă  aimer manger du Nutella avec les doigts. Et plus c’est con, plus ça marche. J’en veux pour preuve le groupe Si toi aussi tu n’arrives pas Ă  t’endormir parce que tu penses trop! qui parvient Ă  cumuler plus de 770 000 fans grâce Ă  son intitulĂ© profondĂ©ment engagĂ© et philosophique. Il est aussi amusant de constater Ă  quel point les murs de ces groupes sont polluĂ©s de pubs pour d’autres groupes tout aussi idiots. La boucle est bouclĂ©e!

Bref, on pourrait passer des dĂ©cĂ©nies Ă  relever les faits amusant de Facebook, mais ce n’est pas le but de cet article. Comme expliquĂ© en introduction, je n’ai fait que dresser un bref tableau de ce que je pense de Facebook, il est possible que je dĂ©taille certains points prĂ©cis dans d’autres articles. En attendant, n’hĂ©sitez pas Ă  commenter et laisser votre opinion!

Le droit de grève, ou la prise d’otage lĂ©galeJeudi 8 avril 2010

Il y a un siècle et demi, en 1864 très exactement, le gouvernement Français de l’Ă©poque commettait ce qui restera probablement comme sa plus grossière erreur: la reconnaissance du droit de grève! Enfin, soyons positifs, cette boulette n’a pas que des mauvais cĂ´tĂ©. En effet,  si cette erreur n’avait pas Ă©tĂ© commise, ce serait un pan entier de notre culture qui n’aurait jamais vu le jour, puisque la grève semble ĂŞtre devenu le sport national, avant mĂŞme le football ou le rugby!

Grèvons, grèvons, qu’un monde injuste, etc.

Ah, Germinal, ses noirs terrils, ses baraquements de brique et ses mineurs crasseux qui crachent le charbon qu’ils respirent toute la journĂ©e! Ah, Germinal, sa classe ouvrière fustigĂ©e, ses hommes et ses femmes exploitĂ©s jusqu’Ă  la mort, sa lutte hĂ©roĂŻque du mineur opprimĂ© contre le bourgeois mĂ©prisant! Ah, Germinal, son Ă©popĂ©e sociale qui nous arrache des larmes de dĂ©tresse et d’espoir, cette exaltation du militantisme et de la grève! Une grève vĂ©ritable, vitale et  justifiĂ©e! Une grève idĂ©ale, en quelque sorte. Bien loin de ce qu’elle est devenue aujourd’hui.

En Chine

Tandis que les Français réclament une augmentation pour s'offrir de nouveaux enjoliveurs chromés ...

Alors que les mineurs de cette fin du XIXème siècle se rĂ©voltaient contre la menace constante des coups de grisous, des Ă©pidĂ©mies, de l’exploitation ou de la famine, les grĂ©vistes d’aujourd’hui protestent contre un flĂ©au autrement plus diabolique. Imaginez un peu! Les pauvres travailleurs doivent survivre tout en sachant que leur voisin gagne trois euros de plus qu’eux! Comment tenir le coup quand on sait que la personne qui vit Ă  cĂ´tĂ© de nous ramènera dans son caddie hebdomadaire un sachet de chips Ă  la tomate supplĂ©mentaire? Insurmontable!

Vous l’aurez compris, les revendications des grĂ©vistes ont gĂ©nĂ©ralement tendance Ă  me briser les noix. Bien sĂ»r, je peux comprendre certaines grèves, j’imagine bien que se faire jeter Ă  la porte par l’usine qui nous emploie depuis plus de vingt ans doit faire un drĂ´le d’effet. Mais il y a quand mĂŞme des limites. La France reste l’un des pays oĂą les travailleurs sont les mieux protĂ©gĂ©s, on bĂ©nĂ©ficie de toute une tripotĂ©e d’allocations, d’aides diverses, de protections sociales et salariales, le SMIG est vingt fois supĂ©rieur au revenu moyen d’un travailleur chinois, mais on continue Ă  râler? Comme on dit, pour le mouton, l’herbe est toujours plus verte dans la prairie d’Ă  cĂ´tĂ©. Et la France est un putain de pays de moutons oĂą l’on bĂŞle pour un oui ou pour un non.

D’ailleurs, en France, il n’est pas rare d’entendre dire que les dirigeants laissent le pouvoir leur monter Ă  la tĂŞte et qu’ils l’utilisent Ă  leurs fins personnelles avec Ă©goĂŻsme et mĂ©pris. Cependant, est-il nĂ©cessaire de rappeler que la France est une dĂ©mocratie, et que le pouvoir appartient donc… au peuple? CQFD.

Vous serez pendus en place de grève!

Historiquement, le mot grève viendrait de la place de Grève, Ă  Paris, vaste zone portuaire oĂą les sans-emplois pouvaient facilement trouver un petit travail. Mais c’Ă©tait aussi l’endroit oĂą se tenaient les exĂ©cutions et les supplices publiques. Et pour ĂŞtre honnĂŞte, c’est cette seconde vision qui me semble plus proche de ce qu’est devenu la grève. Les manifestants d’aujourd’hui prennent le fouet et le dirigent Ă©goĂŻstement contre les travailleurs honnĂŞtes qui ne demandent rien d’autre que de pouvoir se rendre au travail sans encombre, pour mĂ©riter (eux) le salaire qu’on leur verse Ă  la fin du mois.

Mais ces travailleurs normaux doivent endurer le harcèlement de cette horde de zombis dĂ©cĂ©rĂ©brĂ©s qui scande une sinistre litanie oĂą le mot argent semble magnifiĂ©, tel un vĂ©ritable dieu qui dĂ©tient seul les portes du paradis. Ces hommes et ces femmes innocents sont alors pris en otage et utilisĂ©s comme de simples objets pour faire pression sur les dĂ©cideurs. Je suis persuadĂ© qu’en prenant le temps de se plonger dans les dĂ©cisions des tribunaux, on tomberait sur des condamnations pour harcèlement ou sĂ©questration liĂ©s Ă  des faits moins graves que toutes ces grèves.

Et puis, il y a tellement d’autres moyens de se faire entendre, ou en tout cas de le faire en Ă©vitant d’impliquer la moitiĂ© du pays! Mais non. La finesse et le discernement ne semblent pas ĂŞtre la qualitĂ© première du syndicaliste de base. Emmerder le monde, c’est tellement plus amusant. Et puis ça fait parler de la manifestation, c’est une bonne chose, et en plus on ne risque pas une entorse au cerveau en essayant d’aligner trois idĂ©es pour Ă©tablir un stratĂ©gie plus subtile!

BĂŞĂŞĂŞĂŞĂŞĂŞĂŞĂŞ !

Bref, la façon dont certaines grèves se dĂ©roulent aujourd’hui et les revendications qui les motivent ont parfois tendance Ă  m’Ă©cĹ“urer profondĂ©ment. Tendez-leur la main, il vous arracheront le bras. Et ils continueront Ă  vous attirer Ă  eux jusqu’Ă  ce que vous y passiez tout entier.

Notez malgrĂ© tout que je ne jette pas la pierre Ă  tous les grĂ©vistes. Certains se rĂ©voltent parce qu’ils manquent rĂ©ellement de quelque chose, qu’ils sont Ă  juste titre convaincus de leur combat et veillent Ă  impliquer le moins de monde dans leur manifestations. Ceux-lĂ  sont Ă  mon sens de vrais citoyens. D’autres en revanche agissent par pure cupiditĂ©, en cherchant Ă  impliquer un maximum de personnes et Ă  paralyser la moitiĂ© du pays. Ceux-lĂ  sont de simples andouilles et feraient bien de retourner mariner dans leur sauce dĂ©jĂ  trop richement assaisonnĂ©e au vu de leurs mĂ©prisables petites personnes. Amen.

Il est mort, MDR.Lundi 29 mars 2010

Tandis que les politiciens et les intégristes religieux partent en croisade contre la culture Metal, quelque part sur la toile de jeunes âmes (plus ou moins) innocentes sont confrontées en toute impunité à des mises à morts accidentelles et autres démembrements réels. Coup de gueule contre ces snuff-movies modernes et le sadisme latent des utilisateurs des réseaux sociaux.

Vous avez dit snuff-movies ?

Il est désormais admis  que les mafias de notre bon vieux monde moderne sont à l’origine de la plupart des trafics d’armes et de drogues, du commerce de femmes destinées à la prostitution, ainsi que de la vente de vidéos pornographiques et pédophiles. Mais en marge de ces pratiques connues et médiatisées subsiste un mythe dont l’existence n’a pas encore été clairement démontrée. Il s’agit des fameuses snuff-movies, ces vidéos pour pervers qui mettent en scène des séances de torture et des mises à mort réelles d’animaux ou d’être humains.

Cependant, si leur existence n’a jamais été prouvée au sein des réseaux mafieux… il ne faut guère plus de  quelques minutes pour trouver des films du même acabit sur la toile ! Du jeune homme qui s’ouvre le crâne en deux en ratant un plongeon au pauvre hère qui flambe tout vif en touchant une caténaire, en passant par le dompteur qui se fait arracher la main par un crocodile ou encore le fermier malchanceux dont le bras se fait happer par les roues de sa moissonneuse-batteuse, les vidéos mettant en scène des accidents sanglants et souvent mortels sont bien plus présentes qu’on ne le croit.

Sang soucis

S’il semble exister une ébauche de protection contre la pornographie et la pédophilie sur le net, il n’en va pas de même pour tout ce qui concerne ces vidéos sanglantes. En effet, il n’est pas nécessaire de se rendre sur certains sites spéciaux pour les visionner. Il suffit tout simplement de les laisser venir à nous.  Car ces vidéos sont présentes sur tous les principaux réseaux du Net. Sur Youtube. Sur Facebook. Sur Hotmail. Bref, sur tous les services Internet que les jeunes utilisent chaque jour !

Cens

La grande question qui se pose alors est : pourquoi ces vidĂ©os se retrouvent-elles ici? Pour moi, la rĂ©ponse est claire. D’une part, le sadisme est une part intĂ©grante du genre humain, il est donc « normal » qu’il se laisse tenter par ce genre d’expĂ©riences. Il suffit donc qu’une seule personne dĂ©cide de faire partager cette expĂ©rience avec ses amis pour que le rĂ©seau fasse son effet et que la moitiĂ© de la toile en profite!

D’autre part, grâce Ă  Internet, les jeunes d’aujourd’hui ont trouvĂ© un excellent moyen pour accĂ©der Ă  un vaste panel de contenu interdit. Cette libertĂ© d’accès, couplĂ©e Ă  la philosophie des rĂ©seaux sociaux qui encourage les jeunes Ă  pĂ©ter plus haut que leur cul, les incite Ă  exposer ce genre de vidĂ©os en les agrĂ©mentant de commentaires assurĂ©s qui montrent qu’ils n’ont pas eu peur, et pis encore, qu’ils en ont rit. Car oui, le jeune est un rebelle, et mĂŞme s’il en fera des cauchemars pour le restant de son existence, il ne passera pas Ă  cĂ´tĂ© d’une occasion de prouver Ă  ses copains qu’il a vu une vidĂ©o supra-gore. Par contre, ce que le jeune crĂ©tin ne semble pas savoir, c’est qu’Internet est un espace ouvert et que tous ceux qui auront accès au contenu qu’il a publiĂ© ne seront pas forcĂ©ment insensibles Ă  cette horreur.

Et une thérapie contre la misanthropie, tu y as pensé ?

Ouaip, j’admets, comme vous avez pu le constater, que ce dernier petit paragraphe a un peu virĂ© au pessimisme. Mais je ne peux m’empĂŞcher de critiquer, d’une part, les rĂ©seaux sociaux qui poussent les jeunes Ă  se croire plus forts qu’ils ne le sont, et d’autre part, le comportement de ces mĂŞmes jeunes qui ne pensent qu’à leur nombril parfumĂ© et Ă  leur cyber-image. Certains en rigolent, moi ça me colle la nausĂ©e. Chacun son truc.

Et s’il y a parmi mes lecteurs certaines personnes qui raffolent de ces vidéos sanglantes ou qui, pire encore, les publient au vu de tous, je les incite vivement à prendre le temps de réfléchir ne serait-ce qu’une poignée de secondes aux raisons de leurs actes, et à leurs conséquences.

Cependant, que les parents se rassurent, ces vidĂ©os rĂ©pugnantes ne sont pas non plus quotidiennes, et ceux qui font un minimum attention Ă  leurs cyber-frĂ©quentations ne devraient pas y ĂŞtre confrontĂ©s. Mais il est bon de savoir qu’elles existent. D’ailleurs, si vous voulez protĂ©ger vos enfants, penchez-vous plutĂ´t sur Facebook et MSN. Les jeunes ont bien plus de chances de suivre de mauvaises influences via ces rĂ©seaux sociaux qu’en jouant aux jeux vidĂ©o ou en Ă©coutant du Metal !

Vous comprendrez aisément pourquoi je ne publie pas les liens des vidéos que j’ai décrites plus haut (et qui sont, hélas, bien réelles). Quant à la suite des évènements, je vous promets un article incendiaire sur FaceBook et les réseaux sociaux en général dans les jours/semaines qui suivent. Et croyez-moi, ça va saigner.

Naissance d’une croisade moderneVendredi 26 mars 2010

hellfest

Mes chers amis, prenez garde, la Sainte Inquisition est de retour ! Magnifiquement incarnée par les personnes de Christine Boutin et de quelques autres députés français, fervents défenseurs de la vertu et du salut de l’âme, ce nouvel ordre a ouvertement déclaré la guerre à la culture Metal. Et les Metalleux ont d’ores et déjà commencé à y répondre, s’aventurant sur un chemin de croix qui aurait probablement fait rougir le Christ lui-même.

La chasse aux sorcières

Tout a commencé il y a quelques jours, lorsque madame Boutin (présidente du Parti Chrétien Démocrate) a décidé de mener campagne contre le festival Hellfest, qui réunit chaque année à Clisson quelques dizaines de milliers d’amateurs de musique Metal. A travers une lettre ouverte adressée à Kronenbourg, l’un des principaux sponsors du festival, elle dénonce un festival qui promeut et véhicule la culture de mort et incite le groupe à renoncer à sa contribution.

Cependant, cette chère Christine n’est pas la première à monter au créneau. Il y a moins de deux ans, Jean-Frédéric Poisson, député des Yvelines, publiait sur son blog un article condamnant une musique valorisant le satanisme et les messages prônant des comportements objectivement illégaux et chargés d’un poids symbolique délétère.

D’autres groupes de jeunes chrétiens  ont également gonflé les rangs de cette Sainte Armée, accusant quant à eux un festival répugnant et ses groupes […] qui vocifèrent et éructent pendant trois jours leur haine anti-chrétienne.

Maintenant que les principaux chefs d’accusation on été définis par les aimables partis civiles, il serait peut-être utile de s’intéresser d’un peu plus près à cette culture décriée. Ce que semblent avoir oublié de faire ces quelques politiciens à la langue bien pendue…

Satan par ci, Satan par lĂ 

Ne nous voilons pas la face, le Metal n’est pas une musique majoritairement pacifique et pro-chrĂ©tienne. Beaucoup de groupes basent leurs paroles sur des univers sombres et cruels ou traitent en toute connaissance de cause et de manière franche et assumĂ©e de sujets tabous ou difficiles. Mais accuser le Metal de promouvoir des doctrines sectaires ou d’inciter ses auditeurs au meurtre ou au viol serait une grossière erreur. Toute l’imagerie morbide vĂ©hiculĂ©e par la culture Metal est avant tout utilisĂ©e Ă  des fins de divertissements, au mĂŞme titre que la littĂ©rature ou le cinĂ©ma. La musique n’est qu’un mĂ©dia d’entertainment parmi d’autres, et le Metal ne fait pas exception Ă  la règle. Ajoutons Ă  cela le fait que, plutĂ´t que d’inciter Ă  la violence, cette musique brutale est un excellent moyen pour les jeunes de libĂ©rer leur trop-plein d’Ă©nergie et leur rage, une rage engendrĂ©e entre autres par le comportement mĂ©prisable de certains puissants, comme ce que l’on vient de voir Ă  l’instant.  D’ailleurs, les artistes eux-mĂŞmes ne le cachent pas : extĂ©rioriser ainsi la nature violente indĂ©niable de l’homme est un excellent exutoire pour nos pulsions.

metal

Quant au satanisme, c’est encore une tout autre affaire. Les détracteurs de la culture Metal s’attachent en effet à une vision moyen-âgeuse du satanisme, faîte de sacrifices, de meurtres, de viols et de rituels morbides. Et si certains groupes s’amusent effectivement de cette vision fantasque dans un but de divertissement, la philosophie  satanique moderne est bien loin de ces clichés Hollywoodiens. Telle qu’elle est décrite dans la Bible Satanique d’Anton Szandor Lavey, cette philosophie, bien loin de la secte fétichiste décrite dans les écrits bibliques, prône un hédonisme individualiste et condamne le meurtre, le viol, le vol et autres sacrifices (rappelons au passage que les sacrifices d’animaux ne sont pas absents de la bible).

Malgré tout, les textes présentant cette idéologie sont très peu présents dans la musique Metal, les artistes favorisant un univers plus fantaisiste ou une approche plus personnelle des thématiques fondamentales. Non seulement la philosophie – on ne peut même pas parler de religion ni de secte – satanique n’a rien avoir avec les clichés qui la déforment, mais elle n’est même pas directement promue par cette musique ! Une simple étude suffirait donc à comprendre que l’argument du prosélytisme ne tiens pas. On ne pourrait pas en dire autant du comportement de certains organismes religieux qui s’insurgent contre ce festival, soit dit en passant.

Un danger illusoire

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Il existe aussi des groupes de Metal Chrétien!

Il est vrai qu’une bonne partie de la musique Metal représente un réel danger pour la religion chrétienne. Non pas dans le sens où elle incite au meurtre des chrétiens, mais plutôt parce qu’elle invite les hommes à sortir des sentiers balisés imposés par le christianisme depuis la nuit des temps. Contrairement à une religion qui impose des schémas de pensée bien définis en cherchant à brider au maximum les pulsions les plus naturelles de l’homme, la musique Metal laisse à chaque individu la totale maîtrise de son corps et de ses opinions. Un Metaleux peut être chrétien comme il peut être athée, ou appartenir à toute autre religion. Il est libre de choisir ses croyances, son orientation et ses pratiques sexuelles, son mode de vie, sans autre limite que le respect de l’autre.

Accuser le Metal d’être une musique viscéralement satanique, au sens fantastique du terme, est donc une profonde erreur, symbole flagrant d’un manque d’information sur l’idéologie satanique comme sur la culture Metal. Et pourtant, quand on part en guerre contre quelque chose, il est généralement admis qu’on se doit d’obtenir un minimum de renseignement sur son ennemi. Mais peut-être le préjugé a-t-il valeur de renseignement pour le Parti Chrétien Démocrate, qui sait?

Quant aux propos de monsieur Poisson sur certaines pratiques illégales, je préfère ne pas m’y attarder. Si monsieur Poisson considère que toute œuvre d’art qui traite de la mort est malsaine, je lui recommande de ne jamais se rendre au cinéma, en bibliothèque, ou même au Louvres. Le pauvre risquerait d’en faire une syncope.

Un coup de hache sur le crâne, il n’y rien de mieux pour s’ouvrir l’esprit !

Je conclurais ce petit plaidoyer en invitant toutes les personnes qui partageraient l’avis de madame Boutin ou de monsieur Poisson à faire un pas en direction des amateurs de musique Metal et à engager la discussion. Malgré leur apparence qui, reconnaissons-le, peut parfois faire peur, ces individus ne sont ni malades, ni fous, et ils seront touts disposés à vous exposer leur point de vue. Bien entendu, une telle discussion ne pourrait s’engager que si les personnes concernées parviennent à se débarrasser un temps de leurs préjugés, ce qui ne semble pas une mince affaire.

Je voudrais aussi rappeler à tous les chrétiens qui s’opposent avec tant de ferveur au Hellfest et à la musique Metal qu’ils sont censés servir une religion qui prône la tolérance et le respect de son prochain. Et croyez-moi, pour nous autres amateurs de Metal, dont beaucoup sont chrétiens, votre comportement est le comble de l’irrespect, de l’étroitesse d’esprit et de l’intolérance.

Je conçois parfaitement que la musique Metal vous dérange. Mais je ne peux tolérer que vous l’attaquiez ainsi sur des fondements aussi fragiles. Les amateurs de Metal n’ont jamais empêché les fidèles de se rendre à l’église. Ayez l’intelligence de ne pas interdire à des milliers de personnes d’assister à un festival de musique.

Pour aller plus loin:

- Le site du Parti Chrétien Démocrate de Christine Boutin

- Le site officiel du Hellfest 2010

- Metal, A Headbanger’s Journey : un documentaire indispensable pour ceux qui volent en savoir plus sur le Metal