Devoir de socialisation

Nous sommes tous soumis à une constitution qui nous permet de jouir de certains droits et nous impose certains devoirs, c’est un fait incontestable. Cependant, j’ai l’impression que, dans notre société moderne, nous sommes également contraints à des devoirs inédits et implicites qu’on peut nous reprocher de ne pas honorer, sans qu’ils soient inscrits dans aucun document officiel. Et parmi ces devoirs fantômes, le plus important semble être le devoir … de socialisation!

Social

Cela fait déjà plusieurs années que j’observe à chaque rentrée un phénomène des plus intéressant. Dès le premier jour de cours, et parfois même avant, j’ai l’impression d’être plongé dans un vaste club de rencontres où chacun cherche à trouver au plus vite des personnes avec qui tisser des liens, comme si leur existence ou leur image (ce qui a tendance à revenir au même dans notre société gouvernée par l’apparence) en dépendait! On dirait qu’il leur faut impérativement trouver quelqu’un avec qui manger le jour-même, sous peine de passer pour un alien décérébré et sociopathe. Ce qui m’arrive chaque année, bien entendu.

Notez que je n’ai rien contre le fait de tisser des liens avec ses collègues, qui est une attitude parfaitement normale, logique et indispensable. Je m’étonne simplement de l’ardeur avec laquelle les personnes cherchent à se bâtir un groupe d’amis. C’est comme si leur valeur en tant qu’humain était calculée en proportion du nombre de personnes qu’ils sont capables de rallier en un temps limité, comme s’il leur fallait atteindre un certain score social pour mériter sa place au sein de l’école/entreprise.

Pourtant, je ne suis pas certain qu’un tel élan d’ouverture et de socialisation soit si bénéfique sur le long-terme. Si on cherche à être ami avec tout le monde dès le premier jour, on ne pourra rencontrer par la suite que des déceptions. Et si on montre tout ce qu’on a d’intéressant dès le début, on perd tout espoir de surprendre et d’intriguer. En somme, en se montrant trop, on se condamne soit-même à la banalité et à la transparence. On ne pourra que décevoir ou, au mieux, lasser.

Pour ma part, je suis persuadé que ne pas chercher à s’intégrer rapidement à un groupe conséquent est loin d’être une tare. Bien au contraire, en laissant au temps le soin de faire les choses comme il se doit, on ne peut que tisser des relations sincères et permettre à nos qualités de se faire remarquer progressivement, ce qui les rend d’autant plus précieuses et marquantes aux yeux des autres.

Finalement, j’en arrive à une conclusion qui coïncide tout à fait avec ma vision du social d’aujourd’hui. A force de vouloir se mettre en avant en misant sur le tout-social, les hommes modernes se condamnent à se noyer dans la masse et n’être plus considérés en tant qu’individus mais comme membres anonymes d’un groupe qu’on ne remarque que dans son ensemble. En bref, tout n’est que superficialité destinée à flatter de manière totalement illusoire un ego auquel on tient plus qu’à soi-même.

Cependant, ce vaste sujet mériterait qu’on s’y penche des années entières et qu’on rédige à son propos une encyclopédie documentée d’une bonne douzaine de volumes! Cet article n’est donc qu’un résumé succinct de ma vision des choses, qui ne présente ma philosophie que dans ses grandes lignes. Toutefois, et comme pour chaque article, n’hésitez pas à partager vos réflexions en y allant de vos petits commentaires. En plus… ça flatte mon ego!

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